Le dévouement envers la nation

Le dévouement envers la nation

Aux fêtes commémoratives qui donnaient lieu à une grand-messe, [Lacépède] ajoute celle de Wagram, et il introduit dans la pratique du culte une cérémonie nouvelle, d'un caractère émouvant, qui correspond bien à la sensibilité de son caractère : dans la quinzaine suivant Iéna (14 octobre) devait être célébrée une grand-messe solennelle pour les parents que les élèves auraient perdus dans l'année ; un des aumôniers rappellerait les services qu'ils avaient rendus ; comme nombre d'entre eux étaient tombés sur les champs de bataille, c'était une occasion d'entretenir non seulement le souvenir des disparus mais aussi le culte de la Patrie.

Pierre Codechèvre, Napoléon et ses maisons de la Légion d'honneur, 1972

A l’enseignement religieux s’ajoutait l’instauration d’un grand respect envers le régime politique. 

« Honneur et Patrie » 

Le porche d’entrée du château d’Ecouen est encadré de colonnes sur lesquelles figurent des croix indiquant l’appartenance à la Légion d’honneur. Son entablement, côté cour, comporte la devise « Honneur et Patrie ». Au centre de la cour, des pavés en silex dessinent la croix de la Légion, à côté des pavés en grès.

Le patriotisme fait partie intégrante du quotidien : ainsi, Lacépède fait ajouter les anniversaires de Marengo, Austerlitz, Iéna et Friedland aux fêtes concordataires. Le catéchisme à l’usage de toutes les églises de l’Empire, utilisé à Ecouen, comportait les devoirs des fidèles envers les princes et notamment envers Napoléon. Lors de la fondation des Maisons, Napoléon fait intégrer au service religieux des pières pour les membres de la famille impériale et pour les membres de la Légion d'honneur.

L’un des premiers plans de réaménagement du château, livré en 1807, témoigne de l’omniprésence du culte impérial. Les salles portent les prénoms des femmes de la famille impériale et les pavillons celui de grandes batailles (Austerlitz, Iéna etc.).

Léon Brasier déclare qu’un salut est instauré à la Restauration pour les anniversaires de la fête du roi, des Princesses protectrices et d’Henri IV, patron de l’ordre de la Légion d’honneur. 

Avec la laïcisation des maisons, ces prières sont laissées à l'initiative des aumôniers. En 1894, l'évêque de Versailles autorise la célébration d'une messe de Requiem pour le président de la République. Cet office a lieu le dimanche 1ᵉʳ juillet à la maison d'éducation d'Ecouen.

Lettre de l'intendante d'Ecouen précisant l'autorisation de célébrer une messe de requiem pour le président de la République dans cette maison d'éducation
Lettre de l'intendante d'Ecouen précisant l'autorisation de célébrer une messe de requiem pour le président de la République dans cette maison d'éducation

Musée de la Légion d'honneur

Le devoir de représentation

Apprendre la révérence

Être membre des maisons d’éducation de la Légion d’honneur implique un devoir de représentation. Par conséquent, les jeunes filles apprennent à effectuer une révérence parfaite :

Visites officielles

Dès sa création, la maison d’éducation d’Ecouen reçoit de nombreuses personnalités. Le plus assidu des visiteurs est sans aucun doute le grand chancelier. Hortense de Beauharnais est la première de la famille impériale à rendre visite aux élèves d’Ecouen le 24 juillet 1808.

Gravure de Napoléon en visite officielle à Ecouen
Gravure de Napoléon en visite officielle à Ecouen

Musée de la Légion d'honneur

Les archives témoignent d’au moins trois visites de l'Empereur à Ecouen en 1809, 1811 et 1814. Sa première visite, le 3 mars 1809 est une surprise. Son arrivée engendre de grandes festivités : les élèves dansent une ronde dans le parc et un poème lui est récité. Napoléon visite l’ensemble des lieux, interroge les jeunes filles sur leur quotidien. Il regarde avec attention les tricots et avant son départ, dote les quatre plus méritantes d’une pension de 400 à 600 francs. Satisfait, il établit définitivement la maison d’Ecouen. Le 16 décembre 1809, Hortense de Beauharnais est nommée Princesse protectrice des maisons. Elle se rendra plusieurs fois à la maison d’Ecouen.

Louis-Napoléon Bonaparte, alors président de la République, visite l’établissement en août 1851, sur les traces de sa mère Hortense de Beauharnais. En août 1859, l’impératrice Eugénie visite Ecouen, l’empereur la nomme protectrice des maisons impériales en novembre.

Témoignage d'une ancienne élève enregistrée le 7 février 2024

L’exemple de la visite d’Albert Lebrun et de son épouse en 1939 témoigne de la permanence de l’intérêt des différents régimes politiques pour les maisons d’éducation.

Les sorties à l’extérieur

Dans leur rôle de représentation, les jeunes filles ne restent pas cantonnées au château d’Ecouen et à son parc.

Elles assistent parfois à des commémorations comme le confirme ce témoignage d’une élève :

Témoignage d'une ancienne élève enregistrée le 7 février 2024

Elles ont également l’occasion de participer à de grands événements comme l’exposition universelle de Paris en 1889, où sont présentés leurs travaux :

On peut voir en ce moment à l’Exposition universelle, dans le palais des Arts libéraux, des spécimens de travaux accomplis par les élèves des trois maisons d’éducation […].

Extrait de la nécrologie du général Faidherbe par Georges d’Heylli dans Gazette anecdotique, n°19 paru le 15 octobre 1889.

Enfin, depuis la présidence de Félix Faure elles sont invitées aux garden-parties données à l’Elysée.

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