La place de la religion

La place de la religion dans la vie à Ecouen

Presque toute la science qui sera enseignée doit être celle de l’Evangile

Lettre du 15 mai 1807 dictée par Napoléon au château de Finkenstein (Pologne)

Parce que la maison d’Ecouen offrait aux jeunes filles un lieu de vie à l’abri de la ville, et qu’aucun homme extérieur n’y était admis, hormis le directeur chargé de l’enseignement religieux, Napoléon soulignait que sa future institution présentait des caractéristiques similaires à un couvent.

Une vie pieuse

Dès l’origine, la question religieuse est au cœur du projet de l’Empereur :  

Qu’apprendra-t-on aux demoiselles qui seront élevées à Ecouen ? Il faut commencer par la religion dans toute sa sévérité […]. Elevez-nous des croyantes et non des raisonneuses. […] Il faut donc qu’il y ait à Ecouen un directeur, homme d’esprit, d’âge et de bonnes mœurs, que les élèves fassent chaque jour des prières régulières, entendant la messe et recevant des leçons sur le catéchisme. Cette partie de l’éducation est celle qui doit être le plus soignée .

Lettre du 15 mai 1807 dictée par Napoléon au château de Finkenstein (Pologne)

Un grand aumônier, responsable de la chapelle, est nommé, puis est instauré un enseignement religieux rigoureux et un quotidien rythmé par les offices.

Madame Campan donne également le ton aux pratiques religieuses d’Ecouen. Elle organise les missions de charité, comme le pot-au-feu des pauvres.

Pour visiter virtuellement la chapelle d'Ecouen, rendez-vous sur le site du musée de la Renaissance.

Une vie rythmée par les offices pour les jeunes catholiques

Il faut que les élèves entendent la messe tous les jours et aillent faire la prière en commun avant de se coucher. [...] Il faut que la chapelle soit disposée le plus tôt possible, et qu’il y ait le dimanche grand’messe, catéchisme et un petit sermon à leur portée.

Lettre du 15 mai 1807 dictée par Napoléon au château de Finkenstein (Pologne)

Photographie d'une élève d'Ecouen, probablement au moment de sa profession de foi
Photographie d'une élève d'Ecouen, probablement au moment de sa profession de foi

 Musée de la Légion d'honneur

Le règlement de 1807 établit des prières du matin et du soir. Une grand-messe a lieu à 8h le dimanche, les jours de fête, pendant tous les jours du Carême et de la Semaine de Pâques. Les Evangiles, la Bible de Royaumont et le catéchisme à l’usage de toutes les églises de l’Empire servent de base à l’instruction religieuse. Les messes journalières sont supprimées vers 1881 avec la justification qu'une mère de famille modeste ne peut se permettre de passer tous les jours une partie de la matinée à l’église.

Lors des grandes fêtes, ce sont les élèves qui interprètent en chœur des pièces du répertoire liturgique.

Nous trouvons trace de la célébration de la Fête-Dieu dès 1809 dans les Lettres de deux jeunes amies, élèves d’Ecouen par Madame Campan :

« La procession était ouverte par les filles de service habillées en uniforme ; elles portaient la croix : la bannière de la Vierge venait ensuite ; l’honneur de la porter a été accordé aux élèves des sections bleues ; les sections des nacarats et des blanches portaient le dais et les cordons du dais ; cinquante petites élèves [...] venaient ensuite [...] ; et marchaient devant le Saint-Sacrement. »

Du temps des religieuses, la procession partait de la paroisse pour venir au château où se trouvait un reposoir. Après la laïcisation, la cérémonie se fait au sein de la maison.

Une pratique religieuse plus discrète pour les autres

Le 24 mai 1807, Lacépède répond aux directives dictées par Napoléon à Finkenstein. Il y évoque notamment la question des filles de légionnaires protestants. Napoléon lui répondra le 22 octobre, qu’en attendant de savoir s’il désire que l’enseignement soit fait aux deux cultes, l’admission des autres peut être retardée. 

A la suite de l’admission d’élèves protestantes à Saint-Denis, un pasteur est nommé en 1855.

D’autres religions seront admises par la suite, selon les situations spécifiques de chacune ; certaines élèves ne sont affiliées à aucun culte, tandis que dans le contexte de la guerre d’Indochine, une jeune fille de confession bouddhiste est admise.

Lettre du chef du 2e Bureau concernant l'affectation d'une élève sans culte aux Loges, 1921
Lettre du chef du 2e Bureau concernant l'affectation d'une élève sans culte aux Loges, 1921

Le témoignage d'une élève protestante

Le témoignage d'une élève juive

Moi qui étais la seule élève juive, je reconnais qu'il n'y avait aucun antisémitisme, sauf une fois, une élève que je n'aimais pas beaucoup d'ailleurs, m'a traité de sale juive. Et je lui ai dit que j'allais me plaindre auprès de Mme l'intendante. Entre parenthèses, je trouve que j'étais courageuse. Je l'ai raconté à mon professeur d'anglais que j'aimais bien qui s'appelait Mme Lecru. Et elle m'a persuadé de ne pas aller porter plainte. Elle m'a offert un paquet de bonbons et je ne suis pas allée porter plainte.

Témoignages du 7 février 2024

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